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PATRIMOINE COMMUNAL EN PERIL : L’observatoire de Guillaume LE NAUTONIER à CASTELFRANC
PATRIMOINE COMMUNAL EN PERIL : L’observatoire de Guillaume LE NAUTONIER à CASTELFRANC
Guillaume le Nautonier de Castelfranc dit « Le Nautonier » (1557 - 1620), est né au château de Lourmarié, commune de Vénès le 16 décembre 1557 ou 1560 (Son année de naissance varie en fonction des sources documentaires). Fils de Pierre II de Nautonier, il excelle dans de nombreuses disciplines. En 1583, il achève ses études à Lausanne et doté de ses connaissances en mathématiques et astronomie, il vient s’établir dans le château familial de Castelfranc, sur la commune de Montredon-Labessonnié.
Les années qui suivirent son installation dans la demeure familiale seront dédiées à la religion. Il devient Ministre du Culte puis Pasteur de Réalmont en 1591. Parallèlement, sa connaissance des langues antiques en fait un historien reconnu, mais aussi un géographe de talent. En 1606, il sera fait " Géographe ordinaire du Roy " par Henri IV pour son œuvre "la mécométrie de l'aimant" . Cette reconnaissance royale lui valut l’attribution (27 mai 1609) d’une pension de 1200 livres. Poursuivant l'observation du ciel et des phénomènes météorologiques, ayant visité la Tour Astrologique de Catherine de Médicis et probablement celle d'Uranibourg (Château de Tycho Brahé au Danemark), il décide de construire son propre observatoire sur le point le plus élevé de Castelfranc : ce sera la Tour Carrée, un bâtiment bas à 2 niveaux, s'achevant par une tour-observatoire à 4 niveaux, une tour carrée. Une galerie en bois fait le tour complet de l'étage supérieur (voir photo de droite ci-après).
Ce bâtiment, construit vers 1610 et premier observatoire astronomique de France, est aujourd’hui la propriété d’une association basée en Angleterre au même titre que le château de Castelfranc dont il est situé à quelques dizaines de mètres. Par manque d’entretien, cet édifice faisant partie intégrante du patrimoine historique montredonnais au même titre que le château auquel il est rattaché, menace de s’effondrer. Pourtant l’ensemble a été inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques le 1er décembre 1993 pour la valeur archéologique inestimable des pièces utilisées en remploi et le charme de son décor d’emprunt caractérisant si bien ces constructions des antiquaires du XIXe siècle Un inventaire thématique « Habitat et production » mené sur la partie tarnaise du Parc naturel régional du Haut Languedoc par la mission d’inventaire du patrimoine du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Tarn, à la demande du Service de la connaissance du patrimoine de la région Occitanie et du département pointait déjà les dangers menaçant cet édifice remarquable mais le règlement de la succession de la propriété n’ayant pas été réglé, le propriétaire n’avait pas pu être contacté. Espérons que cet ensemble remarquable trouve rapidement un propriétaire tout entier attaché à sa conservation car « qui peut aimer assez un pays pour se battre pour lui ? Essayer de conserver ce qu’il a de beau, à tout prix ; ce qui est son vrai visage ? Quand on a la chance de posséder un site, il faut essayer de le garder comme un tableau ou un objet d’Art, une chose précieuse et rare. »
Guillaume LE NAUTONIER entreprit ensuite le calcul et la rédaction d'un diaire astrologique, dont on sait peu de chose car aucun ne nous est parvenu. Il réalisa également une importante Cosmographie riche de nombreux schémas et cartes du ciel. Le diaire était peut-être composé de séries de tables donnant les heures de passages au méridien des constellations du Zodiaque avec les principales étoiles, au cours de l'année solaire. Guillaume le Nautonier s'éteignit au château de Castelfranc le 10 août 1620 à l'âge de 63 ans. Tombé dans l’oubli pendant près de 400 ans, ce n’est que récemment que ses travaux ont retrouvé pleinement la valeur scientifique et historique qu’ils méritaient.
Didier MARTINEAU - Montredon-Labessonnié - le 28 juillet 2020

PATRIMOINE COMMUNAL IMMATÉRIEL : le bulletin d'information municipale de 1989 à 2009.
PATRIMOINE COMMUNAL : Le bulletin municipal de 1989 à 2009
A l’heure du numérique et des réseaux sociaux, il n’a jamais été aussi important et aussi difficile de bien communiquer. Parmi les nombreux supports disponibles, les bulletins municipaux constituent l’un des médias, si ce n’est le média, préféré des villageois, en particulier parmi la population éloignée du numérique.
J’ai eu récemment le plaisir de feuilleter les bulletins municipaux de Montredon depuis leur origine jusqu’à ce qui semblerait être le dernier numéro. Je voudrais à ce propos remercier Jacky VIALA de m’avoir permis ce voyage de deux décennies dans l’histoire montredonnaise.
Intitulé alors « Vivre à Montredon-Labessonnié », composé déjà de 6 à 8 feuillets et faisant d’emblée l’objet d’une impression soignée, ce bulletin se voulait « être à la fois modeste et ambitieux. (…) La 1ère ambition de « VIVRE A MONTREDON-LABESSONNIE » est d’être LU par tous parce qu’il répond à des besoins d’informer des uns et de savoir des autres, besoins exprimés clairement au cours de la récente consultation électorale. La 2ème ambition est d’être TRANSPARENT. (…) Or le sens civique, c’est-à-dire la participation de tous à la vie de la Commune, passe obligatoirement par une information totale et objective, va-et-vient permanent entre les électeurs et les élus ».
Logiquement donc, les unes des huit premiers numéros (période 1989-1990), à l’exception du n°7 cependant, ont permis aux élus d’alors de mieux se faire connaitre (Mr DELSAUX, Mr SYLVESTRE, Mr MAUREL, Mme BARNA, Mr LOUBET). Dans le n°8, Mr le Maire, compte-tenu du succès remporté par le bulletin, propose d’y ajouter « une rubrique des lecteurs ».
A partir du neuvième exemplaire ce sont pour l’essentiel les nombreuses associations du village qui seront mises à la une. Ainsi apprend-on qu’en 1991, une « association des associations », l’ACALM, chargée de la gestion des moyens communaux pouvant être mis à la disposition des associations et de l’harmonisation de la vie associative est créée. Une association polyvalente, « Familles Rurales », assez similaire dans sa structure à UBA, est créée en 1994. Cette association fera une nouvelle fois la une du n°45.
On y découvre également qu’en 1993, un marché d’été des produits régionaux s’était tenu au foirail. Cette expérience dont les producteurs associés du pays tarnais étaient à l’origine semblait alors porteuse d’un bel avenir à en juger par le contenu élogieux de la Une du n°19.
Le numéro 34 est intéressant à double titre puisqu’il présente à la fois la création de l’ASPER (Association pour la Sauvegarde et la Promotion de l’Ensemble de Ruffis) dont autochtones et touristes ne se lassent pas d’admirer le travail réalisé sur le site de RUFFIS mais aussi la présentation du projet de réaménagement du Foirail dont « Jean-Paul VIGNES, l’architecte choisi pour concevoir et piloter les travaux, n’en démord pas, la démarche adoptée par la Municipalité consistant à prendre un maximum d’avis est la bonne. »
Outre, les comptes-rendus des conseils municipaux, on y trouvait également une information sur les hameaux de la commune, les événements marquants ou plus confidentiels de la vie locale, le cas échéant des informations de portée nationale, ainsi que le traditionnel état-civil, complété des dates à retenir.
Trimestriel jusqu’en décembre 2000 (mars, juin, septembre, décembre), il est devenu annuel à partir de 2002. Lors de l’édition de juin 2001, le « politique » semble reprendre ses droits et toutes les Unes sont rédigées par le premier magistrat de la commune. Autre évolution notoire, l’impression couleur sur papier cartonné glacé laisse la place à de simples photocopies noir et blanc sur papier jauni, sauf le dernier dont l’éditorial est signé de M. CHAMAYOU et dont la une a été imprimée en couleur. Il sera devenu en juillet 2009 le « journal municipal d’information », dont la diffusion se serait étiolée au fil des ans, semble-t-il.
Certainement condamné, comme ailleurs, par le déploiement du site internet communal, le journal municipal a fait long feu. Pourtant, il serait intéressant de se demander pourquoi de nombreuses collectivités ont fait le choix de communiquer à la fois via un site internet et un bulletin municipal traditionnel ? A qui s’adresse plutôt le premier et d’avantage le second ? Quel coût représente pour la communauté villageoise le déficit de considération dont pâtit une partie d’entre elle ? Peut-on construire une histoire commune sans mémoire ?
L’objectif de ce petit article n’est évidemment pas de paraphraser des bulletins municipaux d’information somme toute assez classiques dans leur présentation et leur contenu, mais d’en montrer l’importance à la fois sociétale et aujourd’hui historique car comme nous pouvions le lire en pied de Une : « Conservez ce Bulletin : il peut être utile et intéressant à relire » … ne serait-ce que pour que l’histoire ne se répète pas complètement…
Didier MARTINEAU - Montredon-Labessonnié - le 29 juillet 2020

PORTRAIT DE MONTREDONNAIS : La vie ordinaire d’un Montredonnais d’adoption extraordinaire
PORTRAIT : La vie ordinaire d’un Montredonnais d’adoption extraordinaire
Belcker AOUFI est né dans le village de HASSI-AMEUR, près de la ville d’ORAN, en Algérie, le 26 mai 1934. Orphelin de père et de mère, il est élevé par sa grand-mère maternelle. Issu d’un milieu modeste, il fréquente peu l’école et apprend la vie au village au milieu de ses cousins et cousines. Très tôt, la culture de l’olivier et la confection de l’huile d’olive n’auront aucun secret pour lui.
A l’âge de 17 ans, il fait le choix de venir en métropole. Désargenté, il prend un aller simple Oran-Marseille et fera la traversée de la Méditerranée « sur le même pont que les animaux », nous dit-il (vraisemblablement en 3ème classe). Arrivé dans la cité phocéenne, il prend un billet de train pour Toulouse, où l’un de ses compatriotes, originaire de son village, devait l’aider à faire ses premiers pas en France. La personne providentielle ayant quitté la ville pour des raisons qu’il ignore, notre jeune algérien connaitra des moments difficiles : la faim avec pour seul repas celui offert à midi par « la soupe populaire » et les nuits sans sommeil sur les bancs de la gare « Matabiau ». Il racontera qu’à chaque arrivée ou départ de train dans la nuit, la police ferroviaire demandait aux personnes dans sa situation de libérer le hall de la gare pour les passagers en transit, rendant ainsi leur sommeil impossible.
Heureusement, un jour une main s’est tendue. Une personne qu’il ne connaissait pas s’est proposée de l’héberger quelques jours. Cela lui a permis de se poser et peut-être aussi de se reposer. Et puis, les choses se sont enchaînées favorablement. Il a pris des cours du soir pour s’alphabétiser. Il s’est fait embaucher pour des travaux saisonniers de cueillette par des agriculteurs locaux. Très rapidement, notre homme s’est orienté vers un secteur d’activité beaucoup plus lucratif en rejoignant une entreprise de travaux publics ce qui lui a permis de venir de Toulouse à Castres, puis de Castres à Labessonnié. Mais c’est à Castres qu’il décidera plus tard d’acheter une maison et d’élever ses enfants.
Celui que nous connaissons à Montredon sous le diminutif de Lilo, n’évoque jamais spontanément ni ses origines, ni son passé. Et c’est toujours avec une extrême pudeur qu’il répond aux questions qui lui sont posées. Pourtant, il en a des choses intéressantes à raconter !
Courtois, serviable, il est toujours d’humeur égale. Il affiche en permanence un sourire affable, ce sourire de ceux qui sont habitués à prendre sur soi et qui dissimule souvent les nombreuses blessures infligées volontairement ou par maladresse par les Français d’ici aux Français d’ailleurs. Il racontera à ce sujet avec humour que son premier employeur qui avait l’obligation contractuelle de nourrir son personnel à midi, lui avait donné comme premier repas du… cochon.
Si l’on demande à Lilo s’il a été heureux, il répondra que oui : un travail de conducteur d’engin dans les travaux publics bien rémunéré, une charmante Montredonnaise pour épouse, une progéniture composée de deux filles et deux garçons puis de nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants. Une maison avec jardin, une voiture, un train de vie confortable, telle aura été sa conception du bonheur.
Il n’est jamais retourné à HASSI-AMEUR. Il ne sait pas comment a évolué le village de son enfance. Il ne sait pas quand est morte l’aïeule qui l’a élevé, ni où elle est inhumée. Des autres membres de sa famille algérienne, il n’a jamais eu aucune nouvelle.
Seul au monde Lilo ? Non !
Il aura fait pousser les racines de la famille AOUFI en terre tarnaise dont il connait autour de Montredon toutes les routes, tous les sentiers, tous les ruisseaux, tous les bois, mais aussi la plupart des rumeurs et des ragots.
Bref, la vie ordinaire d’un Montredonnais d’adoption extraordinaire.
Didier MARTINEAU - Montredon-Labessonnié - le 24 juillet 2020